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Aisne : accusé d’avoir égorgé sa femme

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À partir de demain, l’ancien pompier de Saint-Quentin comparaît pour assassinat, le 13 février 2015 à Benay, dans le sous-sol du pavillon familial
Une odeur de cigarette. «  Maman est déjà là », pense Mélia. La jeune femme descend au sous-sol, la lumière est allumée. La porte y conduisant depuis la buanderie est fermée. Verrouillée. Dépourvue de poignée. Bizarre… Elle se penche, regarde par le trou de la serrure, aperçoit sa mère, son père. La scène est surréaliste, la marquera à jamais. Bernadette est allongée à même le sol, du sang partout autour d’elle. José Lespagnol est agenouillé à ses côtés, priant dans la posture du pénitent.
Mélia remonte l’escalier, sort du pavillon familial de Benay, pénètre dans le sous-sol par l’extérieur. Ses parents sont main dans la main sur un lit de sang. Sous le bras droit de son père, un couteau. Elle hurle. «  Pourquoi t’as fait ça ? » «  Il le fallait, ma petite fillotte, il le fallait. » Bernadette Lespagnol, née Poisot, est grièvement blessée. Admise au centre hospitalier de Saint-Quentin, elle y décède deux jours plus tard. Âgée de 42 ans, elle laisse trois enfants : Kenny, 23 ans, Mélia, 22 ans, et Louna, 15 ans.

Bernadette n’acceptait plus ses sautes d’humeur, elle voulait divorcer


José Lespagnol naît à Douai le 27 janvier 1959. En 1979, il devient pompier professionnel au centre de secours de Saint-Quentin. Quelques années après, José rencontre Bernadette, 18 ans. Très vite, ils emménagent ensemble. Ils se marient en 1998. Kenny et Mélia sont déjà nés, vient ensuite Louna. Aux dires du sapeur-pompier, la vie de couple se passait bien. Il avoue toutefois une dispute, dans les années 90, au cours de laquelle il avait mis une claque à Bernadette. Peut-être ce jour de 1998 où, d’après le souvenir de sa belle-mère cette fois, José avait porté des coups à sa femme.
L’année 2014 marque un point de rupture. Alors que l’état de santé de Bernadette s’est dégradé à la suite d’opérations, les relations de couple prennent le même pli. Des disputes éclatent au sujet de l’existence d’une autre femme. En décembre, c’est elle qui rencontre quelqu’un, Jean-Philippe.
«Fait chier, je me suis loupé», souffle José
au pompier qui l’assiste. Ce n’est pas le cas
de Bernadette
Le 7 janvier 2015, jour de l’attaque de Charlie Hebdo, le père de famille est à la maison, ivre. En présence de sa femme et de ses enfants, il vitupère contre les responsables de l’attentat parisien. Énervé, tenant des propos racistes à l’endroit des musulmans, il finit par jeter un ordinateur au visage de Bernadette, ce qu’il niera, parlant d’un coup de pied dans l’objet. Devant cette violence, Mélia appelle son petit ami, Antoine, qui intervient pour calmer son père. Bernadette ne supporte plus ces sautes d’humeur. Elle veut divorcer. Il ne l’acceptera pas. Quelques jours avant le drame, l’atmosphère devient irrespirable au 18, rue d’Hinacourt. Auprès de proches, José manifeste avec colère son refus de la séparation et sa volonté de «  faire la misère » à sa femme, de lui «  pourrir la vie ». Selon un ami du couple, il surveille son portable, entend faire en sorte qu’elle n’ait plus accès à leurs comptes. Pendant ce temps, Bernadette a peur, s’en ouvre à plusieurs personnes. Elle finit par dormir dans la chambre de Mélia, porte fermée à clé. Le 9 février, elle plie bagage. Quatre jours plus tard, elle doit voir un avocat pour lancer la procédure de divorce.
Parti pour prendre sa garde au centre de secours, le matin du 13, le pompier revient finalement chez lui vers 9 h 15. Sachant que Bernadette doit venir chercher Mélia pour la conduire à l’auto-école, il ouvre le portail qui donne accès à l’arrière de la propriété et dissimule sa voiture derrière le pavillon. Le père de famille pénètre dans la demeure par le sous-sol. À l’étage, Mélia se sèche les cheveux en écoutant de la musique. Il monte, prend deux grands couteaux dans la cuisine, les met dans son blouson. Il pense alors que, peut-être, il va réussir à s’en servir, la tuer, se tuer, mais ça lui fait peur, il ne sait pas s’il pourra aller jusque-là. Redescendu, fumant cigarette sur cigarette, il attend sa femme.

«On va partir à deux»

Bernadette entre par le sous-sol, elle sursaute, José lui fait face. Sans crier gare, il prend un des couteaux posé sur l’établi, s’en donne un coup. Choquée, elle lui demande pourquoi, il l’attrape par la main, la met à terre. Elle se débat, il lui lacère le cou. «  On va partir à deux. Je t’aime trop. » Allongé à côté de son épouse, José s’assène plusieurs coups de couteau, tous peu profonds. «  On va partir tout doucement. » Elle ne lui répond pas.
Confrontée à l’horreur de cette scène, Mélia ne perd pas son sang-froid. Elle appelle son frère, sa grand-mère, prévenant à son tour son fils Yvan, et les pompiers. En les attendant, elle réalise un point de compression sur la plaie de sa mère. Lorsque Kenny arrive avec un collègue de travail, ancien pompier volontaire, ses parents sont allongés sur le dos, main dans la main. Bernadette est inconsciente. Les deux hommes prennent le relais de Mélia. «  Je ne savais plus quoi faire », lâche alors José au collègue de Kenny, qui lui prodigue les premiers soins.
À l’arrivée des secours, l’un des sapeurs-pompiers présents s’occupe de José Lespagnol. Il souffre de plusieurs plaies. Aucune n’est vitale. Le blessé est conscient, mais feint de ne pas l’être. «  Fait chier, je me suis loupé », souffle José au pompier qui l’assiste. Ce n’est pas le cas de Bernadette. Conduite avec son époux à l’hôpital, elle y meurt, lui en sort. Deux ans après, le temps judiciaire est venu. Celui de s’expliquer, face à trois orphelins de mère. 
                http://www.lunion.fr/18453/article/2017-03-02/aisne-accuse-d-avoir-egorge-sa-femme

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