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Mystérieuse tentative d’assassinat d’un couple de vignerons aux assises de la Marne

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Le 10 novembre dernier, dans le cadre solennel d’une salle d’audience de la cour d’appel, ils s’étaient revus pour la première fois. Suphi Ayalp, venu réclamer en vain son placement sous contrôle judiciaire, avait pris place dans le box vitré réservé aux accusés. Alain (prénom d’emprunt), lui, s’était assis sur un banc, derrière son avocate, Agnès Mercier. Le 28 mai 2013, le premier, encagoulé, s’était rendu chez le second, un vigneron domicilié à Faverolles-et-Coëmy. Des années plus tôt, Alain avait, quelques saisons durant, employé Suphi le temps des vendanges. Ils s’étaient quittés fâchés mais sans violence, à propos d’un désaccord portant sur quelques centaines d’euros.
Le 28 mai 2013, Alain, retrouvé gisant dans son sang, avait frôlé la mort - fracture de la voûte crânienne et cinq jours dans le coma, notamment. De cette agression qualifiée de tentative d’assassinat, il ne se souvient de rien. Son épouse, inquiète de ne pas voir remonter son mari parti faire une photocopie, s’était retrouvée face à l’agresseur. Ses bras, levés pour parer les coups de ce dernier, avaient été fracturés, ainsi que ses mains. Elle reste, aujourd’hui encore, traumatisée par le déchaînement de violence subi ce jour-là.

L’accusé a reconnu l’agression mais a toujours nié une intention homicide


Dans un premier temps, l’enquête avait piétiné. Avant d’être relancée, un an jour pour jour après cette double tentative d’assassinat, par un coup de téléphone au couple de vignerons. L’épouse, qui avait décroché, raconta aux enquêteurs avoir été menacé. La téléphonie permit alors aux militaires de remonter jusqu’à Suphi Ayalp, confondu par son ADN, retrouvé sur les habits portés par le vigneron durant l’agression. Après quelques dénégations, les faits étaient reconnus mais l’accusé, et c’est ainsi depuis, nie avoir voulu, tuer ses deux victimes. « Je ne voulais pas vous faire de mal ! », lancera-t-il à Alain, le 10 novembre. Le coup de fil qui avait permis de le confondre ? « Je voulais seulement prendre des nouvelles ! »
Mais pourquoi diable Suphi Ayalp, jusqu’alors inconnu de la justice, en serait-il venu à tendre un guet-apens à ses anciens employeurs avant de s’acherner sur eux ? Son profil, sur le papier, ne « colle » pas avec ce déferlement de violence : père de famille, ancien étudiant de médecine - jusqu’en 5e année - après avoir décroché son baccalauréat avec mention. Le désaccord financier survenu une demi-douzaine d’années plus tôt avec Alain et son épouse ne peut, a priori, rien expliquer. D’autant que les thérapeutes qui ont expertisé l’accusé ont certes pointé « un goût pour la mystification » mais écarté « l’idée d’un moment de folie ».
Suphi Ayalp, lui, a raconté une toute autre histoire. Kurde Turc arrivé en France avec sa famille à l’âge de 5 ans, son environnement familial est sympathisant de la cause du PKK, l’organisation politique et armée kurde, notamment active en Turquie qui, comme d’autres pays a classé le PKK sur la liste des organisations terroristes.
L’assassinat de trois militantes kurdes en janvier 2013 à Paris aurait, selon la défense, incité l’accusé à s’armer. Où ? Chez les vignerons qui l’avaient employé

Le 9 janvier 2013, trois militantes du PKK étaient assassinées en plein Paris – deux ans plus tard, l’enquête de la police française pointera l’implication des services secrets turcs, le MIT, « dans la préparation et l’instigation des assassinats »– le Turc Omer Güney, accusé d’avoir tué les trois militantes et qui, seul, devait être jugé le mois dernier, est mort dans un hôpital parisien le 17 décembre dernier.
Suphi Ayalp, affolé par ce triple assassinat aurait pensé qu’il pouvait être pris pour cible. Et se serait mis en tête de s’armer. Où ? Chez ses anciens employeurs, à Faverolles-et-Coëmy. Depuis le début, lui et ses avocats, Nicolas Brazy et Pascal Ammoura, défendent la thèse d’un cambriolage qui a mal tourné, version qui, durant le procès, devra résister à la gravité des blessures commises le 28 mai 2013. « Cette affaire, et notamment le mobile, reste assez énigmatique », avait résumé, le 10 novembre, Sylvie Menotti, alors présidente de la chambre de l’instruction. On ne saurait mieux dire.
Verdict mercredi.

http://www.lunion.fr/18993/article/2017-03-05/mysterieuse-tentative-d-assassinat-d-un-couple-de-vignerons-aux-assises-de-la

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