Arrivée libre au tribunal, une quinquagénaire a été renvoyée en prison pour trois ans ce vendredi 28 avril pour des violences sur son ex-mari.
Et pour arriver à ses fins, pas d'effets de manches, juste un jeu de voix pour attirer l'attention, faire entendre des phrases chocs, en les murmurant. "Il faut comprendre comment pas à pas et à bas bruit elle s'est construite. Comment tout a débuté. Depuis son enfance, elle a couru après la reconnaissance de sa mère qui s'agace de ce que son enfant ne lui ressemble pas. Alors elle va se construire parce qu'elle voulait être le bon objet d'amour. Elle cherchait ce regard de sa mère et ça n'allait jamais. C'est dur ce que je dis, mais c'est la vertu de l'audience. Il faut tout dire. Tout entendre."
Un dernier câlin
Ce 16 mai 2014, la prévenue a demandé à son ex-mari de venir récupérer l'ensemble de ses affaires à son domicile. Tout s'est bien passé jusqu'à ce que l'épouse éconduite demande un dernier câlin. Alors l'homme aura des gestes tendres qui laissent à penser à un dernier geste d'amour. Puis il s'arrêtera d'un coup, en lançant à la face de son ex : "Je n'irai pas plus loin, le reste c'est pour ma nouvelle femme".Et tout va déraper, la prévenue va se saisir d'un couteau, lui asséner un coup puis un autre, dans le dos. Une bagarre va suivre. Avec une lame, elle entaille le cou de son adversaire qui va ensuite réussir à prendre la fuite. La mise en cause va tout de suite appeler les gendarmes en leur demandant de venir l'arrêter, "je viens d'essayer de tuer mon mari. Je l'ai loupé. Je vous attends." Pour la victime, cela a été un guet-apens.
"Je reconnais que je suis coupable de lui avoir donné un coup de couteau. Il m'avait blessé. Il continuait à jouer avec moi. J'étais trop fragile. J'y suis retourné et c'était destructeur. Je voulais savoir ce qu'il attendait de moi, qu'il cesse aussi de me pourrir la vie. J'avais demandé une protection juridique car il était dangereux. Elle m'avait été refusée. C'est pour cela que j'avais un couteau à portée de la main. Pour me défendre. Les coups de lame, je ne les ai pas donnés", insiste la prévenue. "La tentative de meurtre l'a beaucoup ébranlée, insiste Me Pontier pour la victime. C'est un couple pathogène qui s'est rencontré en hôpital psychiatrique. Elle a porté les coups de couteau et les coups de lame et je ne peux pas entendre que c'est de la faute de la victime."
"Il faut juger les faits à l'aune du contexte"
"Je ne parle plus aujourd'hui de tentative de meurtre, mais de violence gravissime, insiste le procureur Miquel. J'attendais beaucoup de ce procès et je regrette que monsieur ne soit pas présent. Je regrette aussi qu'il n'y a pas d'autocritique de cette femme. Après 10 mois de détention provisoire, nous n'avons pas évolué.""Il faut juger les faits à l'aune du contexte, assène Me Christol. Sa vie de tourments ne justifie pas son geste, ça l'explique. C'était écrit. Cela devait arriver. On n'en peut plus de tous les deux. On a envie de les gifler quand on lit ce dossier. Il a été sa came, sa pire drogue. Il a pu tout lui faire faire. Oui, tout. Elle était devenue son chien. Dès qu'elle redevenait sujet, il la détruisait de nouveau. Comme il a détruit toutes les femmes qui ont partagé sa vie. Elle n'a rien prémédité. Elle redoutait juste cette rencontre. Sachez que ce n'est pas parce qu'il est victime que c'est un honnête homme. Elle a tout perdu, jusqu'à sa santé, tant elle s'est négligée. Elle doit être opérée d'un cancer le 5 mai. Elle regrette sa rencontre, autant ce qu'elle a fait." La défense a demandé une condamnation mesurée. Elle fera sans aucun doute appel.
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