Mais cela n’a finalement pas empêché Jacqueline Jacob de se rendre chez le psychologue le 1er février dernier. Car entre-temps, l’obstacle de l’éloignement est tombé. La grand-tante de Grégory a en effet été autorisée à quitter l’Alsace et à rentrer chez elle à Aumontzey dans les Vosges.
Ce qui lui a permis de se rendre plus facilement à Dijon où elle s’est pliée sans problème aux demandes du psy, Michel Lecamp. Y compris la réalisation du fameux et controversé test de l’arbre. Jacqueline Jacob a donc dessiné plusieurs arbres. Et l’interprétation psy qui en résulte n’a rien de révolutionnaire, ni de polémique : « Ses arbres sont défensifs et manifestent des habitudes de pensées réglées, structurées », écrit Michel Lecamp.
Au-delà de ces histoires d’arbres, il dresse un portrait de Jacqueline Jacob très proche de la femme « lisse » et « soumise » décrite par un psychiatre lors d’un précédent examen. « Elle contrôle ses émotions et se montre généralement flegmatique », note le psychologue.
« Le petit Grégory, je le connaissais pas. Je l’ai jamais vu »
Cette façade a toutefois craqué à un moment donné de l’expertise. La septuagénaire s’est en effet mise à pleurer lorsqu’elle a évoqué la séparation forcée d’avec son mari, Marcel, après leur interpellation en juin dernier : « Cela a été dur à supporter. On a été cinq mois à pleurer tous les jours. On ne pouvait pas se parler, on ne pouvait pas se voir. Rien ».
Concernant les faits qui lui sont reprochés, elle nie toute implication dans le crime de la Vologne. « Le petit Grégory, je le connaissais pas. Je l’ai jamais vu », précise Jacqueline Jacob. Et de rappeler son alibi ainsi que celui de son mari pour le jour du crime : « A ce moment-là, on travaillait tous les deux de 13 h à 21 h. On était en réunion syndicale ».
« A votre avis, pourquoi êtes-vous incriminée ? », interroge alors le psy. « C’est Anacrime. Un super logiciel qui nous a salis pour quelque chose qu’on n’a pas fait », réplique la grande tante de Grégory qui dit aussi être « tombée des nues » lorsque les gendarmes ont débarqué chez elle pour l’arrêter et la placer en garde à vue.
L’expertise n’apporte donc rien du tout sur le fond de l’affaire. Reste la description d’« une femme plutôt renfermée sur elle-même et son couple » et qui « mène une vie réglée et n’entend pas en changer, quitte à paraître têtue ou rigide », selon les conclusions du psychologue. Ce qui fait, au final, plutôt les affaires de la défense : « J’ai du mal à croire que c’est l’expertise psy d’une femme qui a pu tuer un enfant », souligne Me Berna. Bien conscient toutefois que ce n’est pas sur le terrain de la psychologie ou de la psychiatrie que se jouera la suite de l’affaire Grégory, en général, et le sort de sa cliente, en particulier.