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Assises du Doubs : une dérive et un délire meurtriers

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Il peut être quelqu’un de très bien mais il peut aussi sortir de ses gonds. Je ne pense pas que c’est quelque chose de volontaire, il est comme ça. Quand il était très jeune, j’ai parfois perdu mon sang-froid avec lui et je me dis que s’il a agi comme ça avec la victime, c’est peut-être à cause de moi », témoigne la mère de l’accusé. Dans le box, Jonathan Martin, 25 ans, l’écoute sans la regarder. Les yeux dans le vague, mâchoires crispées, visage buté.

« Je l’avais pourtant prévenue de ne pas répéter toujours la même chose »

Quelques minutes plus tôt, déroulant laborieusement sa vie, il a laissé transparaître son désarroi et sa colère vis-à-vis de celle qui lui a donné la vie mais l’a surtout abandonné alors qu’il avait 8 ans, le laissant, lui et ses frères, avec un père violent et qui le dévalorisait systématiquement.
Cette mère qu’il n’a plus vue pendant dix ans avant qu’elle ne l’accueille chez elle lorsqu’il est sorti de sa seconde hospitalisation sous contrainte en établissement psychiatrique. Avant de le mettre à la porte de chez elle début 2013. Soit cinq mois avant qu’il ne tue à coups de couteau et par strangulation celle chez qui il avait trouvé ensuite refuge ; une dame de 60 ans, dépressive elle aussi, qu’il avait rencontrée lors de son séjour à l’hôpital psychiatrique de Novillars. Une habitante du quartier de Palente à Besançon, sous curatelle renforcée qu’il a tuée dans un accès de rage ce 27 juillet 2013 parce qu’il ne supportait plus ses remontrances.
« Je l’ai tuée ! Je l’avais pourtant prévenue de ne pas répéter toujours la même chose », a-t-il lancé le lendemain à l’infirmière venue comme chaque matin prodiguer des soins à la victime.
Hier, au premier jour de son procès, les débats ont essentiellement tourné autour de la personnalité chaotique de l’accusé. Une biographie à la Zola, avec des parents aussi peu structurants que des sables mouvants, entre une mère dépressive puis aux abonnés absents et un père méprisant.
Confié aux grands-parents, l’accusé a fait un premier séjour en hôpital psychiatrique à l’âge de 17 ans, après avoir eu une relation avec la jeune handicapée mentale qu’ils hébergeaient.
Repris à sa sortie par la boulangerie qui l’accueillait dans le cadre de son apprentissage, il fait un esclandre et se montre menaçant. « Un mauvais délire », dit-il aujourd’hui pour qualifier ce premier épisode de rupture, en 2011, qu’il avait accompagné du saccage de l’appartement que lui avait mis à disposition la mère du boulanger.
Cela lui vaudra son second internement psychiatrique, pour six mois cette fois, au cours desquels il se liera donc d’amitié avec la victime.
Chez sa mère qui l’héberge à sa sortie, il ne va pas prendre ses traitements. Et son esprit va continuer de se lézarder, entre désœuvrement, isolement et consommation de stupéfiants. « Je l’entendais parfois rire nerveusement, il avait aussi des crises et jetait tout par la fenêtre de sa chambre », indiquera sa mère à la barre de la cour d’assises.

L’accusé encourt la perpétuité

Avant d’expliquer qu’elle l’a mis à la porte de chez elle début 2013 après avoir eu connaissance de sa convocation en justice pour avoir tenté de racketter une enfant de 11 ans.
Au cours de l’instruction, Jonathan Martin a prétendu qu’il avait trois enfants. Allant jusqu’à donner leurs prénoms et ceux de leurs mères. Autant de chimères… « C’était un souvenir », indique-t-il aujourd’hui dans le box des accusés. « Non ! », le reprend Me Pichoff, l’un de ses avocats. « Ce n’est pas un souvenir puisque cela n’a jamais existé. Qu’est-ce que c’est à votre avis ? » Et Jonathan Martin de répondre : « Un délire… C’est grave. »
Les experts psychologues et psychiatres qui se succéderont ce mardi à la barre devront fixer le curseur quant à cette gravité. L’accusé encourt la perpétuité. Et 30 ans de réclusion si le jury retient une altération du discernement.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-besancon/2015/12/08/une-derive-et-un-delire-meutriers

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