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Nancy : il l'a étranglée parce qu'il "ne voulait pas qu'elle parte"

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Il est bien loin, le temps où le crime passionnel figurait dans le code pénal. À l’époque, certains crimes d’époux, notamment les « flagrants délits d’adultère dans la maison familiale », étaient « excusables ». Si la qualité de conjoint est désormais une circonstance aggravante et fait encourir la perpétuité à l’auteur de l’homicide, l’expression « crime passionnel » est parfois encore galvaudée par les journalistes.
Une chose est sûre : l’amour est indéniablement au cœur de l’histoire qui occupe la cour d’assises en appel de Meurthe-et-Moselle depuis hier. Dans le box, cheveux gris, pull de la même couleur, Patrick Renaux, 66 ans dans quelques jours. Il est poursuivi pour avoir tué sa femme, Patricia, 54 ans, dans leur maison de Nomexy (88), un soir d’octobre 2011. Il est défendu par Mes Welzer et Stephan. Quand ils sont arrivés, les secours ont trouvé l’accusé dans une chambre, à l’étage. Il venait d’ouvrir le gaz et de s’entailler les veines. Ce lundi, l’homme répond aux questions, les bras immanquablement croisés. Comme s’il voulait cacher ses mains, paluches avec lesquelles il a étranglé celle qu’il assure avoir aimée plus que tout.

Neuf dictaphones pour enregistrer sa femme…

S’il a travaillé 42 ans à la filature Boussac, Patrick Renaux a eu une vie sentimentale moins rectiligne. Un mariage et deux enfants avec Francine, qu’il trompe durant de longues années avec Patricia. Il aura trois enfants avec cette dernière, dont un, avant leur mariage, qu’il ne reconnaîtra pas.
Patrick Renaux a sombré à la retraite, en 2009. Jaloux maladif depuis toujours, il s’est mis à suivre et à épier son épouse quand il a appris qu’elle s’était rendue avec son ancien mari voir l’un des deux enfants issus de cette première union. Patricia et André ont dormi dans le même lit mais elle assure qu’« il ne s’est rien passé ». Persuadé du contraire, Patrick Renaux, la menace avec un couteau puis prend l’habitude d’enregistrer les conversations de son épouse sur un dictaphone dissimulé dans son sac à main ou dans l’appui-tête de sa voiture. Conversations qui ne lui donnent cependant jamais de grain à moudre. « Jamais en effet elle ne parle d’un autre homme », relève la présidente Catherine Hologne.
Durant de longs mois, l’homme se persuade pourtant qu’il est trompé, se renferme sur lui-même, ne dort plus des nuits. Une idée fixe. Obsessionnelle. Il fomente alors l’idée de tuer son épouse puis de se suicider.

Verdict demain soir

Deux jours avant les faits, le 4 octobre 2011, il apprend, grâce à l’un de ses neuf dictaphones (!), que sa femme, qui n’en peut plus de cette excessive jalousie, veut le quitter, prendre un appartement. « Elle voulait partir et je ne voulais pas vivre sans elle. Je regrette ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je sais qu’elle n’avait pas de liaison avec son ancien mari… ».
Dans une audience apaisée comme jamais, la présidente cherche à comprendre : « Mais pourquoi il ne vous est pas venu l’idée d’en parler à quelqu’un ? ». Non, Patrick Renaux n’a parlé à personne de ses tourments, de ses soupçons qui se sont révélés infondés, de cette irréversible pression qui montait et qui l’a entraîné vers ce geste ravageur.
À Épinal, en février 2014, Patrick Renaux s’était entêté à nier la préméditation, à également soutenir que son épouse l’avait trompé. « C’est mon avocat de l’époque qui me l’avait conseillé… ». Il avait écopé de 30 années de réclusion, 10 de plus que les réquisitions de l’avocat général. Verdict demain soir.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/01/19/je-ne-voulais-pas-qu-elle-parte

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