Nancy. Il est extrêmement rare aux assises de voir un avocat de victimes venir dire, lors d’un procès en appel, que l’accusé qui lui fait face dans le box a été trop lourdement condamné en première instance.
Les avocats qui interviennent pour les parties civiles sont en effet très souvent enclins à forcer le trait, prompts à noircir un accusé. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à vider leur grande boîte à qualificatifs, souvent plus outranciers les uns que les autres, et n’oublient surtout jamais d‘en tapoter le fond, avec la paume de la main, et ce, afin d’être certain qu’il n’en reste pas un.
Conseil de la famille de Patricia, étranglée par son mari dans le pavillon familial de Nomexy, le 6 octobre 2011, Me Stéphane Giuranna a, lui, commencé sa plaidoirie en s’adressant ainsi aux jurés : « Je suis écartelé : ma robe d’avocat me fait vous dire que cet homme a été excessivement condamné mais je sais que pour mes clients, ce ne sera jamais assez… ». Grandiose.
En février 2014, à Épinal, Patrick Renaux, qui avait tué sa femme parce qu’il ne supportait pas l’idée qu’elle puisse le quitter, parce qu’il était aussi persuadé qu’elle le trompait avec son ancien mari, avait écopé de 30 années de réclusion criminelle. Ce mercredi, au terme de trois jours de procès, la cour d’assises en appel de Meurthe-et-Moselle, présidée par Catherine Hologne, l’a condamné, après deux heures quinze de délibéré, à 18 ans pour cet assassinat.
« Le crime est horrible », a-t-elle ajouté. « Une strangulation manuelle. Le légiste est venu expliquer qu’il faut trois minutes de pression constante. On a le temps de voir défiler sa vie, d’avoir peur, de supplier ». La représentante du ministère public a également ouvertement reproché à l’accusé d’avoir fait appel : « De ce fait, on impose donc un deuxième procès à la famille, on lui fait ainsi revivre des scènes horribles ».
La réprimande n’a guère plu à ses avocats. Seringue dans la main droite, Mes Gérard Welzer et Rémi Stéphan, conseils du sexagénaire, ont procédé à ce qui ressemble à une piqûre de rappel : « La possibilité de faire appel est prévue par les textes… ».
Le premier nommé s’est par ailleurs étonné du quantum des réquisitions : « A Épinal, notre client n’avait pas dit la vérité, il avait nié la préméditation et on avait requis 20 ans. Aujourd’hui, il reconnaît tout et on vient demander 25 ans… ».
« Prendre 25 années, quand on est âgé de 66 ans, c’est tout simplement une peine d’élimination », assure Me Stéphan. « Une peine qui n’est pas justifiée au regard de la personnalité de Patrick Renaux, qui n’est pas un voyou. C’est un homme ordinaire qui a eu une vie normale pendant 60 ans. Puis il a basculé dans une jalousie obsédante, dans la dépression, dans le désespoir. Il voulait mourir avec celle qu’il aimait
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/01/20/assises-de-nancy-18-ans-de-reclusion-pour-patrick-renaux
Les avocats qui interviennent pour les parties civiles sont en effet très souvent enclins à forcer le trait, prompts à noircir un accusé. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à vider leur grande boîte à qualificatifs, souvent plus outranciers les uns que les autres, et n’oublient surtout jamais d‘en tapoter le fond, avec la paume de la main, et ce, afin d’être certain qu’il n’en reste pas un.
Conseil de la famille de Patricia, étranglée par son mari dans le pavillon familial de Nomexy, le 6 octobre 2011, Me Stéphane Giuranna a, lui, commencé sa plaidoirie en s’adressant ainsi aux jurés : « Je suis écartelé : ma robe d’avocat me fait vous dire que cet homme a été excessivement condamné mais je sais que pour mes clients, ce ne sera jamais assez… ». Grandiose.
En février 2014, à Épinal, Patrick Renaux, qui avait tué sa femme parce qu’il ne supportait pas l’idée qu’elle puisse le quitter, parce qu’il était aussi persuadé qu’elle le trompait avec son ancien mari, avait écopé de 30 années de réclusion criminelle. Ce mercredi, au terme de trois jours de procès, la cour d’assises en appel de Meurthe-et-Moselle, présidée par Catherine Hologne, l’a condamné, après deux heures quinze de délibéré, à 18 ans pour cet assassinat.
« 25 ans, c’est une peine d’élimination »
Marie-Claude Weiss a vainement tenté de faire grimper la note. L’avocate générale a en effet requis 25 ans après avoir justement décrit « un homme égoïste, qui n’a aimé sa femme qu’à travers lui. C’était le prolongement de lui-même. Il l’a suivie, épiée, enregistrée ».« Le crime est horrible », a-t-elle ajouté. « Une strangulation manuelle. Le légiste est venu expliquer qu’il faut trois minutes de pression constante. On a le temps de voir défiler sa vie, d’avoir peur, de supplier ». La représentante du ministère public a également ouvertement reproché à l’accusé d’avoir fait appel : « De ce fait, on impose donc un deuxième procès à la famille, on lui fait ainsi revivre des scènes horribles ».
La réprimande n’a guère plu à ses avocats. Seringue dans la main droite, Mes Gérard Welzer et Rémi Stéphan, conseils du sexagénaire, ont procédé à ce qui ressemble à une piqûre de rappel : « La possibilité de faire appel est prévue par les textes… ».
Le premier nommé s’est par ailleurs étonné du quantum des réquisitions : « A Épinal, notre client n’avait pas dit la vérité, il avait nié la préméditation et on avait requis 20 ans. Aujourd’hui, il reconnaît tout et on vient demander 25 ans… ».
« Prendre 25 années, quand on est âgé de 66 ans, c’est tout simplement une peine d’élimination », assure Me Stéphan. « Une peine qui n’est pas justifiée au regard de la personnalité de Patrick Renaux, qui n’est pas un voyou. C’est un homme ordinaire qui a eu une vie normale pendant 60 ans. Puis il a basculé dans une jalousie obsédante, dans la dépression, dans le désespoir. Il voulait mourir avec celle qu’il aimait
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/01/20/assises-de-nancy-18-ans-de-reclusion-pour-patrick-renaux